Les archives du Père Castor
Les « Albums du Père Castor » ont été créés en 1931 par Paul Faucher, alors libraire chez Flammarion. Dès lors, il a pris soin de rassembler tous les documents relatifs à la conception, à la fabrication et à la diffusion de la collection des albums, et ce jusqu’à sa mort en 1967. Ainsi, ce corpus constitue aujourd’hui une mémoire exemplaire de la révolution de la pédagogie au XXe siècle, et il été inscrit au Registre Mémoire du Monde de l’UNESCO en 2017.
Un fond extraordinairement diversifié
« Roule-galette », « Boucle d’or », ou encore « Michka » sont des classiques de la littérature dont les noms ravivent les souvenirs des petits et grands.
Toutefois, si ces albums font partie des archives auprès des quelques 320 autres de la collection, ils n’en sont pas les seuls composants. Notes, correspondances, courriers d’enfants, illustrations, enregistrements, photographies, ou dessins originaux constituent un corpus unique de plus d’un millier de documents. Ce fonds témoigne d’une approche pédagogique et littéraire tout à fait nouvelle mais c’est aussi un formidable témoignage de la vitalité du dessin et du graphisme pendant l’entre deux guerres. On y trouve en effet les dessins originaux de nombreux artistes européens et américains qui ont largement contribué par leur talent à révolutionner le livre pour enfants.
Une volonté pédagogique
Paul Faucher a toujours été passionné de pédagogie, et il s’est servi de son expérience en tant qu’éditeur pour innover en la matière. Il a en effet créé une méthode d’enseignement pour donner aux enfants le goût d’entreprendre, et leur apprendre à vivre avec leurs différences. Ses histoires visaient à transmettre aux enfants des valeurs universelles telles que le respect de la nature ou l’amour de l’humanité.
L’originalité des albums, outre la qualité des histoires, parfois inspirées de contes traditionnels, réside dans la modification radicale de la mise en page. Texte et image sont désormais sur une même page, facilitant ainsi la lecture du texte par les enfants, à un âge où les symboles sont encore difficiles à interpréter. L’image est en effet le pilier central de la méthode, image qui porte elle aussi un message : elle est désormais complémentaire du texte.
Les albums du Père Castor ont ainsi apporté une nouvelle conception de l’imagerie et de l’illustration pour enfants, fondée sur l’adaptation psychologique aux besoins réels de l’enfant.
Symbole de la reconnaissance de son travail, Paul Faucher a reçu le Prix Européen du Livre pour enfants en 1962.
Cette pédagogie innovante s’est ensuite poursuivie par la création de jeux éducatifs autour des Albums du Père Castor. L’image en reste l’outil privilégié, dans des jeux alliant des cartes-mots et des cartes-image, ou des jeux logiques de pré-mathématiques.
Des expositions « clés en main » et des ateliers pédagogiques
Les archives sont conservées dans la médiathèque intercommunale du Père Castor située en Haute-Vienne sur la commune de Meuzac. Des expositions « clés en main » et des ateliers pédagogiques y ont été créés par les bibliothécaires afin de faciliter l’accès et la compréhension de ces archives aux enfants. Un "terrain d’aventures" bordant un bois et un ruisseau fait également parti de la médiathèque, où le labyrinthe végétal, le terrier, le verger, le potager et le rucher sont fréquemment utilisé pour organiser des activités.
- L’exposition « Les Enfants de la Terre »
A une époque où les publications destinées à la jeunesse avaient plutôt tendance à prendre en dérision les us des autres cultures, Paul Faucher a édité l’album « Je fais mes masques » dans lequel un enfant français prenait les traits d’enfants d’autres nationalités et se fondait ainsi dans leurs cultures. La collection « Enfants de la Terre » qui a ensuite vu le jour comprenait 19 titres tels que « Apoutsiak le petit flocon de neige », « Antonio le petit italien », ou encore « Assoua le petit Sénégalais ». Elle a permis au Père Castor de développer cette approche humaniste fondée sur le respect des cultures de la planète.
- L’exposition « Les livres jeux du Père Castor »
Dès les premiers albums du Père Castor, dans les années 1930, une place importante est donnée aux découpages, pliages et coloriages. En effet, Paul Foucher était partisan de « l’Education Nouvelle », un courant pédagogique valorisant la participation active des individus à leur propre formation. Ainsi, par ces albums-outils, les enfants développaient une certaine dextérité manuelle et apprenaient des techniques diverses leur permettant ensuite de réaliser des productions personnelles.
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